UN ACCOMPAGNEMENT

Jacques Castermane

Dialogue avec Jacques Castermane

La voie tracée par Dürckheim est-elle une voie spirituelle ou une thérapie ?

Jacques Castermane, kinésithérapeute de fomation, élève et disciple de Graf Dürckheim depuis 1967, a suivi son enseignement jusqu’à sa mort en 1988. Parallèlement, il a pratiqué, accompagné par des maîtres japonais l’aïkido, le karaté, la cérémonie du thé et le tir à l’arc.

En 1981, Karlfried Graf Dürckheim inaugure, dans la Drôme, le Centre qui porte son nom et charge Jacques Castermane d’assumer la transmission de la Voie qu’il a tracée à son retour du Japon.

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PASSAGE D’UN NIVEAU D’ÊTRE À UN AUTRE

La voie tracée par Dürckheim est-elle une voie spirituelle ou une thérapie ?

Les deux en une !

Notre existence, qui est tendue entre la vie et la mort, a ses racines dans l’être. Dans la tradition du zen, l’être n’est pas conceptualisé comme étant quelque chose ou Quelqu’un. L’être est action. Se mettre en accord, en résonance avec cette action « qui fait que tout ce qui vit … vit ! » : là est la dimension spirituelle de la voie tracée par Graf Dürckheim à son retour du Japon.

Le zen, culture du silence et culture de la tranquillité (affranchi des rites et des formes culturels propres à la tradition orientale) avoue un but : la paix intérieure. En ce sens, on peut considérer le travail proposé au Centre comme étant une thérapie. Nous avons, en Occident, pléthore de thérapies qui s’adressent à l’homme stressé, agité, tendu, inquiet, dépressif ou angoissé. N’est-ce pas suffisant ? Faut-il ajouter une nouvelle thérapie : le zen ?

Le zen n’est ni une nouvelle thérapie, ni une thérapie ancienne. Le zen nous invite à porter un nouveau regard sur l’homme, sur nous-mêmes. Avec Graf Dürckheim, je suis convaincu que ce que nous entendons par thérapie, jusqu’à aujourd’hui, n’en est en fait que la moitié ! Il est heureux que parmi les thérapies pragmatiques que nous connaissons, certaines aident l’homme à mieux fonctionner dans son rapport au monde et son rapport aux autres. Cependant, existe une thérapie qui s’emploie à éveiller l’homme à un espace jusqu’ici ignoré : sa nature essentielle.

Spirituelle et/ou thérapeutique, quelle est la méthode à suivre sur ce chemin ?

C’est l’exercice. Une activité inventée par l’homme afin de se mettre en accord, en résonance, avec « une action qui est déjà en action au plus profond de soi-même » : l’être ! Le zen est un chemin d’expérience et d’exercice. Pratiquant moi-même, depuis bientôt quarante ans, j’observe chaque jour les effets et l’étendue d’un exercice comme la pratique méditative sans objet. Si l’homme fait un exercice à fond, tous les secteurs de sa vie intérieure sont fécondés par cette profondeur.

Il s’agit donc de bâtir une vie intérieure plus sereine, plus confiante, plus tranquille en utilisant un outil : l’exercice ?

Oui et non ! La paix intérieure ne peut être un effet fabriqué par des exercices. La tranquillité du corps, la sérénité de l’esprit et la paix de l’âme sont des effets naturels de l’état de santé fondamental de l’homme que le zen appelle notre vraie nature. La voie de l’action, proposée au Centre, permet et favorise le passage d’un niveau d’être à cet autre niveau d’être : notre être essentiel. La méthode est la pratique d’un exercice qui fait passer celui qui s’exerce d’un niveau d’action à un autre niveau d’action.

Si je comprends bien, contrairement à la plupart des thérapies que nous connaissons, vous n’invitez pas la personne en chemin à revenir sur son passé, sur sa biographie, sur les causes de son mal-être…

Exactement. Nous basculons ici dans l’autre moitié de la thérapie. Une méthode thérapeutique qui s’intéresse plus au moment présent qu’au passé ou au futur. Un chemin de maturation qui préfère l’action à la réflexion. Une voie spirituelle qui préfère l’expérience aux discours.

Vous proposez diverses activités aux personnes qui viennent au Centre ?

Fondamentalement, nous proposons la culture du silence et la culture de la tranquillité, exercées dans la pratique méditative sans objet (zazen) et l’expérience du Hara. Quant aux autres techniques, ce dont je me soucie avant tout, c’est la personne qui enseigne. Les quelques collaborateurs qui proposent leur travail au Centre savent que la voie tracée par Graf Dürckheim a pour sens le passage d’un niveau d’être à un autre niveau d’être intérieur et que le moyen est le passage d’un niveau d’action à un autre niveau d’action.

En tant que fondateur et responsable du Centre, j’ai beaucoup de chance d’être entouré par ces femmes et ces hommes qui témoignent de la compétence et de l’humilité qui, dans tout art, désignent le maître.

VIDÉOS
  • 50 ans de pratique du zen ? A quoi bon ?

 

  • Premier épisode du film Sur les routes spirituelles 

  A voir sur Vimeo – réalisé par les Films de la Table 10

 

  • Le débordement de zazen sur le quotidien

 

  • Rencontre avec un vieux sage

 

  • La vraie nature de l’être humain ?

 

  • Accompagnement à la pratique de la méditation

 

  • Qu’appelle-t-on le Chemin ?

LIVRES

Livres de Jacques Castermane

Comment peut-on être Zen ?

COMMENT PEUT-ON ÊTRE ZEN ?

En cinquante chapitres, courts et denses, Jacques Castermane réfléchit ici sur un zen pour l’occident, une voie d’action et de méditation laïque au quotidien et pour notre temps : de l’expérience mystique naturelle à une nouvelle culture du silence nécessaire dans un monde de plus en plus bruyant, de la connaissance du fonctionnement de notre propre esprit à l’exercice de la simplicité et au désir de se changer soi-même, des difficultés rencontrées sur la voie de l’éveil à la pratique d’une respiration juste et équilibrante…

Tous ces chapitres pleins de bon sens et de lucidité nous amènent à mieux comprendre le sens de notre vie. « Notre état de santé fondamental : le calme intérieur », nous dit l’auteur.

Et son livre apaise l’âme tout en lui redonnant une nouvelle confiance dans l’existence.    Éditions Le Relié

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La sagesse exercée

LA SAGESSE EXERCÉE

 Préface d’André Comte-Sponville

« La sagesse ne tient pas lieu de philosophie ; la philosophie ne tient pas lieu de sagesse : nous avons besoin des deux, et de la différence entre les deux. C’est ce qui justifie le livre de Jacques Castermane et qui en fait le prix. » André Comte-Sponville
À la fois récit et essai, ce livre raconte une singulière aventure humaine et philosophique. Après avoir pratiqué l’aïkido, le karaté, la cérémonie du thé, le tir à l’arc et être convaincu que la vie spirituelle est affaire d’expérience, Jacques Castermane suivra l’enseignement de Karlfried Graf Dürckheim pendant plus de vingt ans. Depuis 1981, il anime dans la Drôme le Centre Dürckheim, école de sagesse exercée. Il raconte cette aventure dans ce livre passionnant.      Éditions Le Relié

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Le centre de l'être

LE CENTRE DE L’ÊTRE 

Vingt ans durant, Jacques Castermane, kinésithérapeute de formation, a suivi l’enseignement de Karlfried Graf Durckheim jusqu’à devenir son plus proche élève. Voici enfin la substance du dialogue qui s’était instauré entre le maître et le disciple.
Durckheim nous donne ici de précieuses indications sur la notion de transcendance, sur ce qu’il appelle « l’expérience religieuse au-delà des religions » et sur l’importance de l’amour et de l’érotisme dans la quête spirituelle.
Dans son introduction, Jacques Castermane évoque la période où, avant de se retirer en Forêt-Noire, Durckheim a rencontré des personnalités de son temps : Winston Churchill, Edouard VIII, Rainer Maria Rilke, Paul Klee, Richard Wilhelm, aussi bien que les grands maîtres zen. II nous fait mesurer la profonde humanité de cet homme qui sut par la suite, dans son enseignement, réconcilier Orient et Occident.     Éditions Albin Michel

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JACQUES CASTERMANE OU LA SAGESSE DU CORPS

par René Monami

 

Écrire au fil de l’eau

Je traverse le petit pont de bois m’amenant sur le sentier sinueux qui monte lentement au Centre Dürckheim. Je m’arrête et observe le ruisseau qui doucement s’écoule, son murmure m’éveille à cet instant qui passe, il draine dans son flux tant d’énigme et de clarté qui ne cessent de passer. Ce pont, traversé des dizaines et des dizaines de fois au fil des années, tantôt pour des Retraites en silence, pour des Sesshin ou des rencontres avec J. Castermane, porte encore mes pas vers le coeur de la pratique.

Comment témoigner de ses enseignements par écrit, comment écrire l’indicible et comment traduire cette pratique quotidienne qui insensiblement m’a transformé ?  Est-il possible d’écrire en évitant de se fixer sur ce que l’on aurait appris ou compris, en évitant cet écueil de s’arrêter sur une idée, sur un mot, même une expérience qui donnerait ce sentiment que «ça y est!», «c’est là!», ou «c’est cela!». De quelle manière dire ou transcrire un évènement, de témoigner de ce qui fait évènement en soi, sans s’accrocher à cela ?

Le ruisseau m’en donne quelques indications et J. Castermane en prolonge le murmure et son écho. Tout au long de ces années, les entretiens, les dialogues et les questions/réponses n’ont eu de cesse d’écailler, de raboter, de ciseler et d’éroder ce qu’il nomme l’ego afin de laisser ma vraie nature insidieusement se révéler dans ce processus qu’il indique au travers de ce néologisme; la « désegocentration ». « La Voie de l’action, tracée par K.G. Dürckheim à son retour du Japon est un travail de désegocentration. Se détacher de ces processus emballés dans le concept: moi » nous rappelle-t-il.

Les indications du maître taillent dans le vif. Si j’avais quelques prétentions ou quelques illusions quant à cet écrit, au sortir de notre entretien où je lui proposais ce projet ou ce chemin d’écriture, il n’en restait presque rien.

J.C.: Tu es devant la porte de l’enfer…

R.M.: (rire) … Il y a juste un pas à faire (…)

Premières lignes du livre – Parution novembre 2023, Editions Almora

ARTICLES & ÉMISSIONS

Être en chemin, c’est changer tout le temps – article paru dans la revue Reflets (2023)

Hara, l’expression de l’être – article publié dans la revue Regard Bouddhiste (2018)

L’exercice de la sagesse – émission Les Racines du Ciel – France Culture (2015)

Nous vivons séparés de notre essentiel – entretien publié dans Psychologies magazine

Le jour ou j’ai décéléré – article paru dans Psychologies magazine

Rencontre avec Jacques Castermane – entretien publié dans la revue Reflets

La vie en acte – entretien publié dans la revue 3e millénaire

Aux côtés de Jacques Castermane

Joël Paul

Line Ramel